Le DŌJŌ est traditionnellement le lieu consacré à la pratique des BUDŌ 武道 (« Voie de la guerre », arts martiaux) ou à la méditation bouddhiste zen. 

Littéralement en japonais, le DŌJŌ est l’endroit où l’on vient pour s’éduquer et rechercher « la Voie », c’est-à-dire le lieu où l’on s’évertue à perfectionner son art :

道場 DŌJŌ : « lieu de la Voie »,

道 DŌ = MICHI : voie, chemin,

場 JŌ  : lieu, endroit.

Comme son nom l’indique, le DŌJŌ n’est pas une simple « salle de sport » ou « salle de combat », mais un lieu d’initiation, d’éducation, de transmission, d’introspection, d’efforts et de remise en cause. Le pratiquant se rend au DŌJŌ pour s’exercer en vue d’une progression à la fois physique (TAI 体), technique (GI 技) et mentale (SHIN 心).

Le pratiquant suit des cours et des entraînements (KEIKŌ 稽古, désignant étymologiquement « l’observation, la réflexion et la conservation par la pratique de l’enseignement et de l’expérience des anciens ») pour développer ses qualités et ses capacités, mais également étoffer ses connaissances théoriques et culturelles. 

A côté des règles générales (salut, tenue, respect des lieux et des autres,…), chaque DŌJŌ dispose de son mode de fonctionnement interne, de ses petits us et coutumes spécifiques.

Le DŌJŌ doit permettre aux pratiquants de s’imprégner d’une « ambiance » et de rituels destinés à favoriser un état d’esprit propice à l’initiation et à l’apprentissage.

Par ailleurs, un DŌJŌ est gouverné par une étiquette (REISHIKI 礼式), qui renvoie à l’idée de se comporter correctement, avec politesse et courtoisie, et conformément aux codes sociaux qui régissent les relations humaines.

La première expression de cette étiquette est la façon de saluer et de se comporter. En effet, le salut est l’expression de la valeur centrale qui gouverne les arts martiaux, à savoir le respect (SONCHŌ 尊重), qui est un sentiment et une attitude traduisant des actions guidées par la politesse et la considération de tout le monde ainsi que de son environnement. Faire preuve de respect implique également de se garder de mépriser ou de maltraiter, d’être arrogant ou dédaigneux, et de comprendre que, pour être respecté, il faut d’abord être respectueux. 

Finalement, au-delà de la structure matérielle, ce sont les principes qui constituent avant tout un véritable « DŌJŌ ».

Ainsi, un hall, un gymnase, un jardin, une clairière,… peuvent devenir des « DŌJŌ » à partir du moment où ces lieux réunissent ou accueillent des pratiquants qui ont envie de partager les mêmes valeurs et les mêmes principes d’entraînement, et qui respectent les mêmes règles de comportement et le même état d’esprit. Inversement, un « DŌJŌ » sans âme n’en est plus vraiment un…

Ce faisant, le DŌJŌ n’est plus seulement un lieu de pratique arrêté au sens matériel, mais consacre le principe immatériel de la transmission d’un savoir guidé et supporté par ces valeurs et ces principes sacramentels.

Synthèse rédigée par Emmanuel Hoen.